Balade à la découverte des chimères genevoises.
Nous les voyons sur des façades ou dans des parcs : ces créatures fantastiques, assemblages étranges d’animaux et d’humains, suscitent notre curiosité. Souvent, nous les considérons comme de simples décorations, mais pourquoi avoir choisi ce type de décoration urbaine ?
Dans nos villes occidentales, nous trouvons des traces de diverses époques de notre histoire. Au XIXe siècle, les études humanistes étaient particulièrement valorisées, et une part significative de la population, y compris les professions scientifiques, s’intéressait à la mythologie. Cette période a également été marquée par un grand essor urbain, engendrant de vastes chantiers.
À Genève, l’aménagement des quais a impliqué la création de mobilier urbain, et de nouvelles demeures ont vu le jour à l’orée de la ville. Ces architectures contemporaines ont habilement mêlé l’héritage de l’iconographie antique et médiévale à une modernité renouvelée.
Ainsi, que ce soit la Villa Bartholoni (1830), l’Hôtel de Russie (1852, aujourd’hui démoli), le Conservatoire de Musique (1858), le monument Brunswick (1879), l’Ariana (1884), l’hôtel Micheli-Ador de 1897 (aujourd’hui Fondation Baur), ou encore la célèbre rampe d’escalier en forme de chimère ailée (1896) de la Ferronnerie d’Art Wanner, aujourd’hui visible au MAH, sans oublier le Pégase sur la façade de la gare de Cornavin, daté de 1930, toutes ces œuvres puisent dans le répertoire mythologique et médiéval pour les revisiter.
Genève a la particularité d’avoir été la ville de Calvin. Dès lors, ces créatures fantastiques, héritées de l’Antiquité via les églises et l’iconographie catholique, sont devenues moins visibles. Cependant, il est intéressant de visiter l’église de Saint-Gervais et la Cathédrale Saint-Pierre, qui recèlent encore des chapiteaux ornés de ces figures.
Un héritage de cette esthétique médiévale se retrouve également sur les fenêtres et les portes de bâtiments du XVIIIe siècle, comme l’hôtel de Sellon, qui abrite la collection Zoubov, ou la Maison Mallet, siège du Musée International de la Réforme, tous deux construits en 1723. Ces figures fantastiques surmontant les ouvertures des demeures rappellent l’idée prophylactique selon laquelle ces êtres empêcheraient le mal d’entrer dans la maison.
Des chimères urbaines plus contemporaines se trouvent aussi dans les parcs, comme la Femme-Crocodile de Jean Fontaine, ou même sur l’eau, avec la Sirène du Léman de Natascha De Senger. Entre réminiscences de notre histoire et jouissance esthétique, ces chimères agrémentent notre quotidien.
Belle balade !