Monument Brunswick
Griffons fabuleux
Entretien avec une experte – Dre. Stéphanie-Aloysia Moretti, co-curatrice du projet
Lions ailés et griffons du monument Brunswick
C’est grâce à son imposant tombeau que les Genevois connaissent le nom du duc de Brunswick. En 1873, il a légué à la ville son immense fortune, une somme qui représenterait aujourd’hui 1 milliard de francs. Le Grand Théâtre et l’Université ont été parmi les bénéficiaires de ce mécène exceptionnel, un dandy qui fut néanmoins un investisseur très avisé, plus chanceux en affaires qu’en politique, lui qui s’est fait exiler de ses terres par son peuple et ses frères.
Étant fantasque tout en étant homme de son temps, le duc a voulu un mausolée de style éclectique, liant des éléments néogothiques à des sculptures dont l’iconographie est inspirée de l’Orient. Ainsi, dès l’Antiquité, les griffons, créatures hybrides composées d’un corps de lion et d’une tête et des ailes d’aigle, sont considérés comme les gardiens de trésors.
Ce prince saxon s’est fait embaumer à la manière égyptienne, et son corps repose dans une structure qui est une reproduction du tombeau des Scaligeri de Vérone, datant du XIVe siècle. Les griffons et lions ailés, connus dans la mythologie pour être des gardiens redoutables, protègent ce tombeau urbain, réalisé en marbre de Carrare par les meilleurs artisans de son temps, assurant ainsi la longévité de la renommée de cet homme qui n’a jamais aimé passer inaperçu.