Parc de Mon Repos
Le triton de la Perle du Lac (dans la fontaine)
Entretien avec une experte – Dre. Coralie debracque, co-curatrice du projet
Triton
Dans la mythologie grecque, un Triton (ou Τρίτων en grec ancien) désigne un dieu marin, fils de Poséidon et d’Amphitrite, messager des flots. En biologie, il en est tout autre! C’est un amphibien, cousin des salamandres, qui fait partie du genre Triturus.
Décrite pour la première fois dans la région de Lausanne, la Suisse à même donné un nom à une espèce de Triton palmé: Lissotriton helveticus, que vous pouvez croiser des bords du Léman jusqu’au lac de Constance.
Les tritons, Lissotriton helveticus y compris, n’ont pas d’oreilles externes mais ils ont des oreilles internes qui peuvent traiter certains sons. La paroi latérale de leur corps ainsi que leurs poumons peuvent également jouer un rôle dans la réception des signaux acoustiques, en particulier les fréquences basses. En effet, un son émis va faire vibrer les poumons de notre triton palmé. Ces vibrations vont être transmises à l’oreille interne qui pourra alors traiter le signal.
Des études ont d’ailleurs montré que le triton Helvète utilisait les signaux acoustiques pour s’orienter dans l’espace. Ainsi, lorsqu’il reconnaît les vocalisations de certaines espèces dont il a déjà partagé l’habitat, il a tendance à s’orienter positivement vers eux. Une boussole acoustique en quelque sorte!
Référence:
Diego-Rasilla, F.J., Luengo, R.M. Acoustic orientation in the palmate newt, Lissotriton helveticus . Behav Ecol Sociobiol 61, 1329–1335 (2007)
Chimères paléontologiques (sur les marches du musée d’histoire des sciences, côté lac)
Chimères Introduction par Dr. Pierre Savatier (Institut Cellule souche & cerveau, Lyon)
En biologie, la notion de chimère est ancienne. Elle est généralement utilisée pour décrire un organisme multi-cellulaire hétérogène.
Il peut s’agir d’un animal, ou d’une plante, constitué de cellules génétiquement différentes à la suite d’une altération spontanée ou expérimentale du génome, d’un animal (ou d’un Homme) constitué de cellules provenant de deux individus différents (par exemple le micro-chimérisme materno-foetal ou le chimérisme résultant de la greffe de cellules souches hématopoïétiques avec donneur) ou, enfin, d’une entité biologique inter-espèce, c’est à dire d’un organisme vivant constitué de cellules provenant de deux (ou plusieurs) espèces différentes, cette dernière catégorie étant le fruit de l’expérimentation biologique.
Ainsi, le chimérisme est un phénomène naturel que la science cherche à asservir.
Entretien avec un expert – Dr. Lionel Cavin (Muséum d’Histoire Naturelle)
Chimères fossiles
Pendant longtemps, les fossiles ont été considérés comme de simples jeux de la nature ou attribués à des restes d’êtres mythologiques. Une chercheuse, Adrienne Mayor, a même suggéré que le griffon antique trouvait son origine dans des squelettes fossilisés du dinosaure Protoceratops d’Asie centrale, le Pays des Scythes chercheurs d’or. Au Moyen-Âge, des fossiles de dents de poissons étaient considérés comme des langues de serpents pétrifiées (les glossopètres) ou des cailloux magiques présents dans la tête des crapauds (les bufonites).
Les fossiles présents sur les marches du MHS sont des mollusques qui vivaient dans la mer recouvrant la région au Crétacé inférieur, il y a environ 130 millions d’années. Les Alpes n’existaient pas à cette époque et des dinosaures rôdaient sur les îles de la région. On retrouve d’ailleurs, dans des strates un peu plus âgées, leurs traces fossilisées dans de nombreux sites de la chaîne du Jura. On aperçoit dans le calcaire des morceaux de coquilles de gros bivalves (les huîtres et les moules) qui portaient de grosses côtes donnant l’impression, lorsqu’elles sont visibles en coupe, qu’il s’agit de dents. D’autres bivalves vivant à cette époque étaient plus lisses et en forme de crochet. La légende raconte qu’il s’agissait des griffes du diable, d’où leur nom de griffées (mais nous n’en avons pas trouvé sur ces marches).
En paléontologie, on donne aussi le nom de chimères à des fossiles qui ont été fabriqués en mélangeant des éléments de différents organismes. Certains ont été fabriqué par pur jeu, d’autres comme de véritables fraudes qui ont parfois trompé les paléontologues.