Fondation Convergences à la Maison de l’Enfance et de l’Adolescence (MEA) des HUG
Symbiotopia Introduction par Guillaume Helleu, creative strategist à Dorier Group
Conçu par le groupe Dorier et Trip Trap en collaboration avec les équipes médico-soignantes pour la Maison de l’Enfance et de l’Adolescence (MEA), Symbiotopia est une aventure interactive prenant la forme d’une chasse au trésor se déclinant en plusieurs formats (conte, aventures, mini-jeux, contemplation, etc.). Inauguré en juin 2023, le projet a pris racine avec la création d’un bestiaire fantasmagorique de 70 créatures mi-végétales, mi-animales, figées dans les sols du bâtiment. Ces chimères, réalisées en laiton et incrustées dans un sol en terrazzo, jalonnent les rez-de-chaussée et invitent les visiteurs à les explorer sensiblement et narrativement.
Leur nature singulière et hybride incarnent toute une symbolique de l’étrange et du fascinant. À la fois familières et inattendues, ces créatures expriment la complexité et la pluralité des identités humaines, renvoyant directement à la diversité des parcours de vie des résidents et visiteurs de la MEA. Leur singularité invite à dépasser les regards normés pour percevoir la richesse des différences et l’émerveillement face à l’inconnu.
Conçues à partir de planches naturalistes issues de bibliothèques libres de droit (Biodiversity Heritage Library), ces chimères symbolisent aussi la réutilisation des savoirs partagés.
Leur présence transforme le sol en une surface narrative où se croisent le réel et l’imaginaire, créant un lien inédit entre la cité et l’institution. Symbiotopia propose ainsi un espace d’interaction immersif où le jeu et la contemplation participent à une réappropriation collective de l’espace hospitalier. Cette démarche souligne l’importance des récits partagés pour réenchanter les lieux de soin et réaffirmer leur vocation à accueillir la diversité et l’imaginaire.
Poisson végétal
Entretien avec une experte – Dre. Coralie Debracque, co-curatrice du projet
Cette chimère de la MEA s’inspire du Chaboisseau à quatre cornes (Myoxocephalus quadricornis). Il appartient à l’ordre des poissons osseux Perciformes, ordre le plus important des vertébrés qui comprend plus de 10 000 espèces!
Parmi les Perciformes, nous retrouvons un poisson bien connu du grand public: le poisson clown (Amphiprion ocellaris), devenu célèbre grâce au dessin animé “Le monde de Némo”.
Ce petit poisson coloré, qui vit en harmonie avec les anémones de mer, est très sociable. Au cours de son évolution, il a donc développé un système de communication efficace, pour pouvoir échanger avec ces congénères. Cependant, bien qu’il communique par des sons, le poisson clown ne parle pas. Alors comment fait-il?
Produits par l’entrechoquement des dents sur leur mâchoire, les “chirps” et les “pops”, servent au poisson clown dominant à affirmer sa position hiérarchique lors d’une situation de conflit avec un ou plusieurs individus. À l’inverse, lorsque les poissons secouent leur tête pour émettre des sons hydrodynamiques, ils confirment leur position de subordination face au dominant.
Ils sont malins ces Perciformes!
Aller plus loin
Biodiversity Heritage Library
Abeille végétale
Entretien avec un expert – Dr. Théophane Piette (UNIGE, PRN Evolving Language)
Quand on parle de la communication chez les abeilles, on pense rapidement à leur fameuse danse. Oui, celle où une abeille se met à zigzaguer frénétiquement devant toute la colonie. Mais saviez-vous que cette danse est un véritable GPS en mouvements ? Performant une danse en huit, aussi appelé dans frétillante, l’ouvrière indique à ses collègues où trouver les meilleures fleurs. Utilisant la ruche comme un cadran, elle se déplace de son centre vers la direction à prendre pour trouver le nectar. Plus son « waggling » est intense, plus la nourriture est éloignée, un véritable google maps miniature pour insecte.
Mais il y a un aspect moins connu, et pourtant fascinant : la communication acoustique des abeilles. Quand une nouvelle reine éclot dans une colonie, elle utilise une série de sons appelés “tooting” pour annoncer sa présence. Ces vibrations, produites en frottant son thorax contre les alvéoles, servent à prévenir les autres reines potentielles qu’elle est là et qu’elle ne plaisante pas. En réponse, les autres jeunes reines concurrentes vont produire un son plus aigu, afin de recruter d’autres abeilles pour les défendre. Ces signaux sonores déclenchent souvent des duels royaux où une seule reine triomphera pour régner sur la colonie.
Ainsi, chez les abeilles, la communication ne se limite pas à une simple danse ou un buzz. C’est un langage complexe mêlant mouvements, vibrations et sons, où chaque signal joue un rôle clé dans la vie de la ruche.
Biodiversity Heritage Library
Lézard végétal
Entretien avec une experte – Dre Coralie Debracque, co-curatrice du projet
Le lézard à cornes n’est pas une créature sortie tout droit d’un livre de monstres ou de légendes. Bien que son apparence puisse le faire passer pour un dragon, le Phrynosoma ne vit pas dans un monde imaginaire mais sur le continent Américain.
Grand amateur de fourmis, le lézard à cornes aime également socialiser avec ces congénères. Mais c’est ses stratégies contre les prédateurs qui en font une espèce hors du commun!
En effet, à l’instar de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le bœuf de Jean de la Fontaine, le lézard double de volume pour se rendre plus imposant. Si le prédateur – qu’il soit terrestre ou dans les airs – ne renonce pas, il penche sa tête vers l’avant, mettant en évidence les pics ou cornes qu’il a sur sa tête.
Mais ce n’est pas fini! En cas d’ultime défense, le lézard à cornes à une capacité plus surprenante: il crache du sang avec ces yeux! Ce sang est toxique grâce au venin de certaines fourmis qu’il ingère. Il peut ainsi neutraliser un coyote ou un aigle par exemple à plus d’un mètre de distance!
Référence:
Manaster, J. (2002). Horned Lizards
Biodiversity Heritage Library