Fontaine de l’Escalade
Les Serpents à tête de Dragon
Entretien avec une experte – Dre. Stéphanie-Aloysia Moretti, co-curatrice du projet
Dragons et méduses de la fontaine de l’Escalade
Il peut sembler surprenant qu’en 1856, alors qu’il avait carte blanche, le sculpteur munichois Johannes Leeb (qui avait réalisé la Fontaine de l’Enfant au Crocodile que Lola Montes, maîtresse de Louis Ier de Bavière, en exil à Genève laissa derrière elle) choisisse de proposer un projet commémorant l’histoire de l’Escalade de 1602. Il fait ainsi œuvre novatrice en illustrant, par deux haut-reliefs, les épisodes marquants de cet événement et en inscrivant le nom des victimes. Il est à souligner que cette fontaine ne fut pas inaugurée officiellement, car célébrer l’Escalade était potentiellement sujet à discorde entre Genève et sa nouvelle alliée, la Savoie !
Le projet initial proposait que l’eau soit crachée par des mufles de lion, mais finalement, l’eau s’échappe de la colonne centrale carrée par une alternance de deux serpents-dragons et de deux têtes de gorgones. Ces visages féminins, surmontés d’une paire d’ailes et entourés d’une chevelure de serpents, rendent ces motifs tout à fait complémentaires et en lien avec le sujet commémoratif des guerriers morts au combat.
Selon Apollodore, Méduse était une belle jeune fille si fière de sa chevelure qu’Athéna la transforma en monstre, dont le sang pouvait être tant un poison qu’un remède. Il est à noter que le serpent est l’emblème d’Asclépios, le dieu de la médecine. Un autre lien entre Méduses et Dragons réside dans leurs regards : les yeux de Méduse pétrifiaient quiconque croisait leur regard, ce qui en faisait l’ornement parfait du bouclier d’Athéna, le gorgonéion de l’égide. De même, le mot « Dragon » vient du terme grec derkomai, qui signifie « regarder d’un œil perçant ».
Aller plus loin
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Textes :
- Genava, revue d’histoire de l’art et d’archéologie, E-periodica, La Fontaine de l’Escalade
- Le Mag des animaux, Le dragon, quel est cet animal ?
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