Regarder au-delà des comportements des animaux avec la professeure Zegni Triki
En février cette année, la professeure Zegni Triki a pris une chaire en physiologie comportementale à l’Université de Neuchâtel, ainsi qu’au sein du PRN Evolving Language. Son équipe s’est progressivement agrandie, en accueillant en avril un-e étudiant-e en doctorat et un-e technicien-ne de laboratoire dont les tâches sont liées à la recherche du PRN, et en bénéficiant d’une bourse d’innovation du PRN.
Physiologie, comportement et langage
Bien qu’elle ait commencé en tant que chirurgienne vétérinaire, Zegni Triki a décidé de poursuivre une carrière dans l’académie. Elle étudie alors la physiologie et l’écologie à l’Université de Neuchâtel, avant de trouver sa niche comme physiologiste comportementale. « La grande question que les physiologistes comportementaux se posent est ‘comment ?’ », explique-t-elle. « Donc, quels sont les mécanismes impliqués derrière les comportements ». Cette spécialité mélange de nombreuses disciplines, de la génétique aux neurosciences, en passant par l’endocrinologie.
Pendant la première phase du PRN Evolving Language, il a été démontré que l’élevage coopératif, c’est-à-dire le fait d’élever ses jeunes en groupe, est lié à l’évolution du langage. « Lorsque j’ai découvert cela, j’ai voulu savoir s’il y avait une raison physiologique derrière », partage la chercheuse.
Comparer les espèces d’animaux
Dans son travail, Zegni Triki collaborera avec beaucoup de chercheur-se-s du PRN, ainsi qu’avec les zoos faisant parti du réseau CiRI. « Idéalement, nous souhaitons inclure environ 40 espèces cibles de primates et carnivores dans notre étude », dit-elle. « Nous comparerons les espèces qui sont des éleveurs coopératifs et celles qui ne le sont pas, pour trouver des caractéristiques qui les séparent ».
Pour cette raison, Zegni Triki et son groupe développera des méthodes non-invasives pour récolter des échantillons biologiques des animaux. « Nous pouvons par exemple faire mâcher quelque chose à l’animal et recueillir sa salive sans lui faire de mal », explique la chercheuse. Les échantillons peuvent ensuite être analysés pour voir les métabolites ou les hormones qu’ils contiennent. « Par exemple, l’analyse du taux de cortisol dans l’échantillon peut nous donner une idée du stress subi par l’animal », ajoute-t-elle.
La professeure Zegni Triki est une physiologiste comportementale.
Et les poissons ?
En dehors du PRN, Zegni Triki s’intéresse aux ectothermes, comme les poissons ou les lézards, et plus particulièrement aux espèces qui peuvent changer de sexe pendant leur vie. « C’est comme une expérience naturelle, où nous pouvons observer les ajustements du comportement chez le même individu, alors qu’iel assume son nouveau rôle », dit la chercheuse. Dans le futur, elle aimerait ajouter les poissons à ses travaux sur l’élevage coopératif au sein du PRN, car certaines espèces présentent également cette caractéristique. « Aujourd’hui, on étudie surtout les mammifères, mais il est vraiment important de prendre en compte d’autres taxons d’animaux, comme les poissons et les oiseaux, dans nos recherches », conclut-elle.
