Maison Tavel
Les pattes du Griffon
Le griffon de Tavel Introduction par Laurence Leroy, médiatrice culturelle au MAH
Sur la façade de la Maison Tavel, plus ancienne construction civile conservée en Suisse, on aperçoit dix têtes sculptées. Ce témoignage médiéval datant du XIVème siècle est exceptionnel, et raconte, sur trois registres, une histoire aujourd’hui difficile à interpréter.
À noter que ce sont des copies des têtes que nous voyons depuis la rue. Les originaux en molasse, ont été déposés en 2006, pour des raisons de conservation, et sont maintenant visibles dans le musée.
Au nombre des sculptures, on trouve quatre femmes et deux hommes (certain(e)s couronné(e)s), deux chiens, une sorte de monstre…et enfin, les vestiges – deux pattes et un fragment du ventre – d’un animal soupçonné d’être un griffon.
Cette figure est la moins lisible de toutes, et se trouve au registre inférieur de la décoration, placée face à un buste de femme.
Si relier deux pattes à l’allure plus ou moins féline et un fragment de corps à une créature hiéracocéphale, mi – aigle mi- lion, semble à priori hasardeux, l’orientation vers le griffon tient au contexte historique et artistique, ainsi qu’à l’histoire de la maison Tavel.
Cette demeure vieille de 700 ans a appartenu au fil des siècles à différentes familles. Elle fut occupée de 1544 à 1555 par une auberge appelée “hostellerie du griffon”.
Quant à la place du griffon dans l’art médiéval, elle est abondamment attestée.
Notons aussi au passage que le griffon s’est adapté au fil des siècles et des cultures, symbole de force, de courage, voire de royauté ou encore de puissance divine (dont le démon est l’autre versant).
Le mystère demeure quant à la nature de la créature, mais il n’y aurait rien d’étonnant à ce qu’il ait été choisi par l’une des familles genevoises les plus puissantes pour orner son palais urbain.
Entretien avec un expert – Prof. Richard Hahnloser (UZH-ETHZ, PRN Evolving Language)
Les chants d’oiseaux hybrides : Des chimères bien réelles dans le règne animal
Saviez-vous que la nature crée ses propres « chimères » ? Les oiseaux hybrides, issus de deux espèces distinctes, présentent des combinaisons aux caractéristiques fascinantes, à l’instar des griffons ou des harpies des légendes.
La recherche sur les oiseaux chanteurs hybrides se concentre sur leurs vocalisations uniques. Lorsque des espèces comme les pinsons zébrés (plus connus sous le nom de diamants mandarins) et les pinsons hiboux se reproduisent, leur progéniture produit des chants qui mélangent les caractéristiques des deux parents. Ces hybrides ne se contentent pas d’imiter l’un ou l’autre parent, ils créent quelque chose d’entièrement nouveau. Avant même d’entendre les chants de leur environnement, les jeunes oiseaux hybrides présentent de subtils changements dans leur babillage vocal, façonnés par la génétique. Ces différences initiales évoluent au fur et à mesure qu’ils apprennent, pour aboutir à des chants qui portent les marques des deux espèces parentes, mais qui leur sont propres.
Cette individualité est plus qu’une simple improvisation musicale. C’est comme si ces oiseaux étaient biologiquement câblés pour créer leur propre signature culturelle. En étudiant les oiseaux hybrides, nous découvrons les secrets de l’évolution, de l’individualité et de l’interaction fascinante entre la biologie et la culture.
Aller plus loin
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