Une subvention de trois millions d’euros pour un projet collaboratif sur les troubles du langage dans les maladies psychotiques
Philipp Homan, de l’Université de Zurich (UZH) et l’Hôpital Universitaire de Psychiatrie de Zurich a reçu un des convoités ERC Synergy Grant, partagé avec trois partenaires européens. Pour un projet collaboratif sur les troubles du langages dans les maladies psychotiques, l’Université de Zurich recevra 3 millions des 10 millions d’euros totaux de subventions.
par le Bureau de communication de l’UZH.
Image d'un cerveau humain dans son état de repos, c'est-à-dire quand la personne n'est pas distraite par des influences exterieures. L'image (IRM) prise avec un appareil haute résolution 7 Tesla montre les aires actives, en jaune-rouge.
Les maladies psychotiques, comme la schizophrénie et les troubles bipolaire affectent environ trois pour cent de la population. Ces maladies sont très handicapantes pour les personnes atteintes, et les symptômes peuvent comprendre des délires, des hallucinations et des pensées désorganisées. Ce nouveau projet se concentrera sur les problèmes liés à la pensée et la parole, explique Philipp Homan, professeur assistant en psychiatrie clinique à l’UZH, investigateur associé avec le PRN Evolving Language, et directeur député de l’Hôpital Universitaire de Psychiatrie de Zurich (PUK).
À l’aide d’analyses de la parole et de techniques d’imagerie, les cliniciens chercheront des marqueurs prédictifs de l’état des patients afin de mieux comprendre et prévenir les rechutes. Le Conseil de Recherche Européen (ERC) a accordé au 4 partenaires venant de Groningen, Barcelone, Tromsø and Zurich un Synergy Grant d’environ 10 million euros pour mener leur recherche. Environ 3.3 million du financement total est assigné à l’Université de Zurich.
Reconnaître des signaux dans la parole
L’éminent psychiatre de Zurich Eugen Bleuler (1857–1939) avait déjà décrit un relâchement caractéristique des associations dans le cheminement de pensée des patients atteints de schizophrénie. S’il n’est pas encore possible d’observer directement ces processus de pensées, l’analyse de la parole peut nous donner quelques indices. “En résumé, la manière dont une personne parle peut nous donner une idée de sa façon de penser,” dit Homan. Chez les patients schizophrènes, les conversations sautent souvent d’un sujet à l’autre soudainement, et ce qu’ils disent peut être incohérent ou décousu.
Le degré d’anomalie de la parole varie selon la sévérité du trouble. Le nouveau projet ERC appelé DELTA-LANG analysera les dérangements de la parole des participants en utilisant des modèles linguistiques basés sur de l’intelligence artificielle. “L’objectif est de détecter les incohérences sémantiques même subtiles, et de développer un index détaillé pour les troubles du langages et les processus de pensées derrière eux”, explique Homan.
En parallèle, les chercheurs utiliseront des méthodes d’imagerie pour mesurer l’activité cérébrale des patients, dans l’espoir de trouver des liens possibles entre ces indices de trouves de la parole et la neurobiologie au niveau du cerveau. Ces analyses devraient permettre de déterminer dans quelle mesure les réseaux cérébraux sont coordonnés. Il s’agit là d’un point d’intérêt, car certains éléments indiquent que les grands réseaux cérébraux n’interagissent plus efficacement dans les cas de psychose.
Les chercheurs prévoit là aussi de développer un index, pour obtenir des information sur la sévérité des états psychotiques. Ils effectueront des mesures régulières avec les participants à l’étude. Ces mesures seront effectuées aussi bien pendant les phases de symptomatologie sévère que pendant les phases de rémission, lorsque les symptômes sont faibles ou inexistants, afin d’obtenir des données aussi significatives que possible. L’objectif est de disposer d’un groupe relativement restreint de participants à l’étude et d’enregistrer l’évolution de leurs psychoses à l’aide de mesures fréquentes.
“Avec des analyses de la parole et à l’imagerie cérébrale étroitement synchronisées, notre objectif est de développer un index des transitions entre les différentes phases d’un trouble psychotique,” rapporte Homan. Les troubles psychotiques sont divisés en plusieurs phases, dont les phases aiguë, de rémission et de rechute. Si la recherche est couronnée de succès, il pourrait devenir possible d’identifier un risque de rechute à un stade précoce. Cela donnerait alors plus de temps aux médecins pour ajuster le traitement du patient, et dans le meilleur des cas leur éviter de rechuter.
Un tel succès n’est cependant pas garanti, explique Philipp Homan : “Nous nous concentrant délibérément sur l’aspect sémantique de la parole – et c’est une stratégie risquée dans une certaine mesure.” C’est risqué parce qu’il est encore inconnu si des perturbations de la parole seront des marqueurs efficaces pour les transitions entre les différentes phases des troubles psychotiques. Mais ce sont précisément ces projets à haut risque et à fort potentiel que le ERC demande spécifiquement et finance, explique Homan.
Quatrième partenaire dans le groupe ERC
Bien que la Suisse ne soit pas associé au programme de recherche Horizon, l’UZH peut tout de même bénéficier de subventions ERC grâce à des règles spéciales des Synergy Grants : sur les quatre partenaires maximum d’un projet, l’un d’entre eux peut provenir d’un pays non associé. Au total, le ERC finance pour ce cycle 37 projets par le biais de Grants Synergy, pour un montant total de 395 millions d’euros.